Black Communion [PV Aniriel]

L'orage faisait rage sur la terre, tous les anges du ciel devaient s'être mis à pleurer à chaudes larmes pour qu'il pleuve autant sur cette maudite planète à la con. Mais Belzébuth avait un travail à accomplir, et il devait se rendre sur terre. Il quitta son lit, sur lequel il était allongé, torse nu, les fines lignes qui dessinaient les muscles de son buste jouèrent tandis qu'il se redressait et la lumière s'amusa quelques instants sur sa peau satinée, jusqu'à ce qu'il se déplace pour faire face au meuble gigantesque à double.... non a quadruple glace. Une longue armoire massive en ébène qui prenait tour le mur ouest de la chambre et qui s'ouvrait par quatre portes recouverte chacune d'un miroir. La parure le refléta son image qu'il ne regardait pas, il ouvrit l'une des portes et en sortit le reste de sa tenue classique. Une chemise à col haut et dur par dessus une autre, blanche, presque invisible sous la seconde, qui ne laissait dépasser que la dentelle de ses manches. Il enfila une lourde cape de jais dont le haut et les bords de la capuche étaient bordés de plumes noirs. Il avait lui même fourni ces éléments, il avait d'ailleurs aussi lui même été chercher les plumes sur le dos des anges. L'intérieur de la cape était en fourrure, l'extérieur en velours. Il empoigna Cam Carcan, son poignard à la lame rouge et le passa dans l'arrière de a ceinture. Il allait pour quitter sa chambre, il passa au dernier étage de sa demeure, avant de redescendre et d'arpenter les niveaux, prenant au passage un objet long qu'il glissa dans sa botte.

Son fief avait toujours été plutôt bien placé selon lui, il n'avait pas à passer chez Lucifer pour aller là où bon lui semblait, et quand il devait aller chez le grand manie-tout du dessous de la terre, il était assez près de chez lui pour rentrer s'énerver rapidement histoire ne pas faire de morts dans ses propres rangs en passant. Mais aujourd'hui ça n'avait que peu d'importance.... Le grand manie-tout de l'enfer, c'était lui. Il s'était installé officiellement à la place de Lucifer il y avait quelques mois, il avait fait un long speech sur la trahison de l'ange déchu qui les avait obligés à rester sous terre tout en leur ayant promis le paradis. Puis il avait donné le choix à tous ceux qui restaient de franchir la porte des enfers vers le monde des humains ou bien de rester enfermés avec lui. Bélial et Belphégor étaient restés, avec leurs démons affiliés... Les incubes et les hybrides n'avaient pas eu le choix. Et tous les vampires sans exceptions s'étaient agenouillés devant lui. C'était un nouveau règne, les vampires étaient à présent la race la plus forte des enfers, et il leur faudrait rebâtir l'empire infernal avec leur seigneur.

Les vampires étaient conscients qu'ils dépendaient directement de Belzébuth, et en plus des règles des enfers, ils étaient soumis aux règles de leur seigneur. Tout écart était puni d'un pieu dans le cœur, d'une séance de bronzage ou bien d'une ingurgitation d'eau bénite jusqu'à ce que mort s'en suive. Les règles étaient simple à respecter cependant, le seigneur de la gourmandise n'était pas idiot au point de mettre des règles stupides et impossible à appliquer. Personne n'avait le droit de le tutoyer, d'élever le ton, ou même simplement de le contredire. Les vampires n'avaient pas le droit de vampiriser des enfants en bas âge. Non pas parce que c'était cruel, il s'en foutait totalement, mais parce qu'ils RESTAIENT des enfants, et Belzébuth ne supportait pas les enfants, ça ne servait strictement à rien! Les suceurs de sang n'avaient pas non plus le droit de vampiriser des vieilles personnes, déjà parce que leur sang était vraiment dégueulasse, et ensuite parce que sur un champs de bataille ça ne sert à rien. Ces règles s'étaient toujours appliquées au cinquième, elle s'appliquaient maintenant à tous l'enfer. Bélial et Belphégor avait pour mission de lever une armée efficace, les autres règles des enfers ne comptaient plus. Tout allait devenir plus simple à présent: marche droit ou crève vite. Les démons marcheraient unis et en fermant leur gueule jusqu'à ce que la rébellion soit prête.

Il passa les niveaux en marchant d'un pas rapide, toisant de toute la majesté dont il était capable, les démons qu'il croisait sur son passage, Il prit le temps de s'attarder au second niveau pour prendre la température des lieux... Les incubes mourraient à petit feu sans leur seigneur... Il faudrait trouver une solution. Les hybrides étaient parqués comme des animaux et gardés par quelques vampires qui tentaient de les tenir au calme, au premier... Il passa la porte des enfers en ignorant le cadavre de Cerbère qui n'avait toujours pas été déplacé.

C'était le devoir qui attirait le seigneur démon ce soir là. Après avoir liquidé un vampire de quelques années seulement, il devait a présent sortir et se rendre au cimetière d'une ville pour éliminer le produit néfaste de cette progéniture mortuaire. Il sortit des enfers, il pleuvait à flot, les rues étaient détrempée., Le trottoir était étroit et l'eau qui s'était logé dans les creux et les bouffissures de l'asphalte, formant des flaques peu profondes mais toujours repoussante quand il s'agit pour un humain de marcher dedans au risque de mouiller un peu le bas de son pantalon, rendaient l'accotement impraticable. Le zéphyr qui c'était mis à soufflé apportait les odeurs de terre détrempée venant certainement du parc un peu plus loin, ce qui rendait l'atmosphère de cette rue menant à l'église de la ville plus accablante encore. Il était hors de question que lui, Belzébuth, mette les pieds dans les flaques, il marcha en plein milieu de la route, le peu de voitures qui subsistaient au chaos qu'avait provoqué la guerre n'auraient qu'à l'éviter.

Il entra dans le cimetière, sa cape balayait le sol, la pluie qui tombait, l'empêchait de voler derrière lui. Il arpenta les rangés, son visage était caché par sa capuche rabattue sur sa tête, les plumes qui bordaient le velours sombre chatouillait agréablement ses joues et son front. Il leva la face vers l'écriture d'une tombe blanche "Alec Jones". Il lut l'épitaphe: "il aima, fut aimé, et mourut lorsque son seul ennemi vint le chercher, l'âge."

-" et la connerie de son petit fils aussi...." marmonna-t-il... il avait vraiment d'autres choses à faire que de se trainer dans les cimetières la nuit tombée dans le climat actuel.

Il s'assit sur la tombe en face de celle de sa victime. et attendit. Il attendit un peu plus d'une heure sans qu'il ne se passe rien alors il s'allongea, sur la pierre glacée, morte, s'enveloppant dans sa cape pour ne pas finir trempé. Belzébuth s'allongea et laissa la pluie ruisseler sur son visage aux yeux clos. Il était fatigué. Fatigué de s'être battu pour rien, fatigué de devoir continuer à se battre, fatigué de devoir contenir la colère de tous ceux qu'il avait enfermé au sous-sol pour les préserver de la fureur de Lucifer, fatigué de devoir contenir la sienne qui lui hurlait d'aller tuer Lucifer de ses propres mains. Fatigué, enfin, de devoir trouver des solutions à des problèmes qui n'auraient jamais du exister... Il était le Diable... Il était Satan... Il était le nouveau maître des enfers et ne pouvait pas laisser les choses ainsi, lui qui n'avait jamais vu le paradis, qui ne l'avait jamais perdu, qui s'en foutait pas mal jusque là et qui avait à présent la responsabilité de rétablir l'équilibre pour que le monde ne sombre pas dans le Chaos.

-"Joyeux Anniversaire.... Joyeux anniversaire... Joyeux Anniversaire Alak.... Joyeux Anniversaire..." Il lâcha un profond soupir et regarda l'église blanche qui se découpait derrière le mur d'enceinte du cimetière. "T'as gagné le droit de faire un doigt d'honneur à Dieu pour ses conneries en priant pour que le postérieur divin soit pas trop près de ton doigt..."

Les quelques visiteurs présents quittèrent les lieux lorsque les premiers grondements se firent entendre, rappelés à leur vie profane et à des problèmes tels qu’éviter l’averse. Cependant le grondements étaient étouffés par l’épaisseur des murs. Dans le pieu silence, le prêtre officiant s’autorisa le craquement d’une allumette, afin d’utiliser l’encensoir pour chasser la possible odeur d’humidité due au temps. Il effectuait son habituel tour, embaumé d’encens, quand il s’arrêta devant l’autel pour porter son attention vers la porte… Les bancs vides lui rappelaient sans cesse des changements inquiétants qu’il avait remarqués. Au niveau des fidèles, certains dotés d’une forte sensibilité spirituelle cherchaient constamment du réconfort auprès de lui. Chargés d’angoisses, Aniriel n’avait pas la sensation de leur permettre de retourner chez eux le cœur léger, ce qui était pourtant son rôle.

Il posa l’encensoir sur l’autel drapé d’une nappe immaculée, où reposaient une coupelle avec l’Ostie et la coupe qui servait à se partager le sang du Christ. Contrairement aux autres, ces deux ustensiles dataient quasiment de l’époque où avait été construite cette ancienne église romane, d’où leur apparence modeste et ancienne. Les fresques accusaient leur âge mais Aniriel se refusait à les faire restaurer, il n’avait pas envie d’avoir à gérer une équipe d’archéologues enfiévrés, les rares touristes et leurs appareils photos suffisaient amplement lors des saisons estivales. Comme ceux de son ordre, le jeune homme aimait la tranquillité et la paix en ces lieux, il cherchait à les préserver autant que possible.

Même s’il sentait que ce silence serait bientôt brisé par des évènements funestes que l’orgue, magnifique ouvrage trônant fièrement au-dessus de la porte et accessible par les tribunes, lui avait annoncé à sa manière. A l’heure de la prière, l’instrument avait entamé un air sombre et affligé qui l’avait bouleversé et non pas à cause de la force invisible qui possédait les tubes. Aniriel n’était pas surpris de ces manifestations particulières, il avait grandi avec, elles faisaient partie de l’héritage qu’il devait préserver jusqu’à ce qu’il forme son successeur. De plus il avait déjà reçu, à plusieurs reprises, la visite du Seigneur Uriel, très friand joueur d’orgue. Mais cette fois lorsque la dernière note avait sonné comme un glas, la résonnance déchirante avait ébranlé les piliers et les murs, pour s’enfermer dans un mutisme angoissant. Sans savoir ce qu’impliquaient ces signes d’effondrement, Aniriel avait clairement ressenti la menace qui en découlait. Il était allé auprès de l’orgue en se demandant si ce n’était tout de même pas quelqu’un d’autre qui tentait de briser les défenses sacrées de l’édifice, le bois des tribunes avait tellement gémit sous ses pas qu’il a avait rebroussé chemin et hésitait encore à y retourner. Depuis, tous les matins son héritage semblait lui alourdir les épaules, alors que par le passé il lui donnait force et bonheur d’assumer parfaitement son rôle de berger.

Un éclair zébra le ciel et la pluie redoubla de force, le ramenant de ses souvenirs. Il soupira en guettant des messages qu’il ne recevait plus… Il s’agenouilla devant la Croix et commença à prier pour mieux se mettre en situation d’écoute, espérant des réponses à ses interrogations et se rassurant sans cesse. Sa silhouette paraissait chétive sous la voûte en berceau décorée de couleurs autrefois vivantes, pourtant il se sentait en sécurité dans cet abri qu’il considérait un peu comme une arche sous le déluge actuel. C’était d’ailleurs le nom [*] que lui donnaient ses prédécesseurs, bien qu’Aniriel ne sache toujours pas pourquoi.

La prière ne parvint pas à l’apaiser, il entreprit donc de rallumer cierges et bougies avant de ressentir un certain malaise qui s’accrut malgré toute sa bonne volonté à l’ignorer. Il finit par comprendre qu’il s’agissait d’un avertissement localisé dans le cimetière… Il effleura son crucifix argenté et une des pierres blanches près des ex-voto, une visite surprise d’un démon… C’était bien le moment.
Par précaution il emporta quelques items dans sa parka dont il doutait de l’efficacité mais savait-on jamais, et il se rua dehors sous la pluie battante en direction du cimetière.

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Oui bon son équipement ne servirait à rien en effet… Guidé par son malaise et l’oppression dans sa poitrine s’accroissant chaque fois qu’il se rapprochait de sa « cible », Aniriel finit par s’apercevoir que ce n’était pas un démon lambda qu’il avait l’habitude de chasser par exorcisme, non… Celui là était clairement d’un autre gabarit sans parler de sa taille. Il le détailla un peu histoire de voir si un indice trahirait son identité. Après avoir constaté qu’il avait tout du brun à la beauté ténébreuse dont on affublait souvent les démons ou leurs supérieurs, Aniriel se demanda réellement ce qu’il fabriquait ici et se dit que si c’était un traquenard, il avait mordu à l’hameçon… Ne se fiant pas à l’attitude nonchalante fatiguée de ce visiteur inattendu, le jeune prêtre sentit une peur traîtresse s’insinuer et il la mit sous la coupe de la détermination qui l’empêcha de reculer.

-Les cimetières, la pluie c’est un peu cliché comme provocation, et ce n’est pas forcément le meilleur endroit ou moment pour dormir … non ?

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Bon l’adrénaline avait eu raison de lui… Il tenta de ne pas rougir de honte sur sa bêtise, mais après tout les démons se gaussaient tous des humains, alors il n’était plus à ça près…

[*ça change de Saint machin truc XD]